ROQHAS

Un mois de sensibilisation pour les hommes victimes d’agression sexuelle

Un mois de sensibilisation pour les hommes victimes d’agression sexuelle

Pierrick Pichette | Radio-Canada Estrie

19 ocotbre 2025

« En parler, ça change quoi? » C’est à cette question que souhaite répondre le Regroupement des organismes québécois pour les hommes agressés sexuellement (ROQHAS) au cours du prochain mois. Une panoplie d’activités de sensibilisation à l’importance pour les hommes de dénoncer seront organisées à travers la province.

Dans la région, l’organisme de Soutien aux hommes agressés sexuellement de l’Estrie (SHASE) participe à cette campagne de sensibilisation. Son directeur, Alexandre Tremblay-Roy, espère que les prochaines semaines poussent de nombreux hommes victimes à s’ouvrir sur ce qu’ils ont vécu.

Ici, en Estrie, la campagne va se décliner dans la continuité de ce qu’on fait déjà. On espère que cette présence-là, provinciale, de notre regroupement va nous permettre d’aller sensibiliser la population estrienne, de voir une augmentation de demandes dans notre organisme pour qu’on puisse offrir de l’aide.

Ça nous donne une belle occasion de communiquer avec la population sur une réalité encore un peu trop méconnue.

Alexandre Tremblay-Roy, directeur du SHASE

Le directeur de l’organisme en convient, les hommes sont très peu représentés parmi les victimes d’agressions sexuelles. On parle principalement de femmes dans ce genre de dossiers. Il croit que les victimes masculines ont un poids énorme sur les épaules lorsque vient le temps de dénoncer.

Ces personnes-là croient qu’elles sont seules et elles ne vont pas oser demander de l’aide. Parce que, quand on est tout seul, quand on pense que c’est juste arrivé à nous, ça donne peut-être moins envie encore d’aller en parler, d’aller en discuter, puis de passer comme l’exception qui confirme la règle.

Alexandre Tremblay-Roy y va donc d’un rappel essentiel à ses yeux : ces hommes victimes d’agressions sexuelles ne sont pas seuls.

Il y en a beaucoup plus qu’on le pense. Les hommes peuvent aller chercher de l’aide.

– Alexandre Tremblay-Roy, directeur du SHASE

C’est ce que vise à démystifier la campagne : ça change quoi, d’aller en parler ? C’est un peu la deuxième étape, de voir que c’est possible d’améliorer les choses, de se sauver de certains éléments aussi.

L’accès à la justice, un problème

Le directeur du SHASE souligne d’ailleurs que l’accès à la justice est trop restreint pour toutes les victimes d’agressions sexuelles, incluant les hommes. Selon lui, ils n’ont pas du tout  le réflexe d’avoir recours aux tribunaux.

Ce n’est pas à moi de juger ce qui va être bon pour une victime, mais c’est certain qu’il n’y a pas beaucoup d’hommes [qui se rendent devant la justice]. On constate une augmentation, toute petite, mais en moyenne, on reçoit quelque 150 hommes par année dans notre organisme. De ce nombre, six ou sept vont porter plainte et se rendre en justice, estime-t-il.

Selon l’organisme, il arrive qu’un homme victime d’agression ne ressente pas le besoin de dénoncer, ou encore que son agresseur soit décédé, rendant les recours encore moins accessibles. Enfin, le simple fait d’oser briser le silence n’a rien de simple.

Il y a un travail de sensibilité, de sensibilisation à faire, mais on ne dira jamais à une victime comment réagir ou encore ce qui est ou non dans son intérêt à elle. Déjà, qu’une personne vienne chercher de l’aide, [c’est bon].

La campagne En parler, ça change quoi? prend fin le 19 novembre prochain.