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Investir dans la santé des hommes, un choix bénéfique pour tous

Investir dans la santé des hommes, un choix bénéfique pour tous

POINT DE VUE

Les hommes vivent des enjeux qui leur sont propres : un taux de décrochage scolaire plus élevé, une plus grande prévalence de dépendances, une surreprésentation dans l’itinérance, l’incarcération, les décès prématurés et le suicide.

Ces faits sont bien connus et, pourtant, ils continuent d’être relégués à l’arrière-plan des politiques publiques. La récente décision du gouvernement de ne pas reconduire le plan d’action ministériel en santé et bien-être des hommes (PAMSBEH) sans explication, en est un triste exemple. Cela crée un vide préoccupant et suscite une vive inquiétude.

La reconnaissance des besoins spécifiques des hommes en matière de santé, de services sociaux, d’éducation et d’accompagnement ne diminue en rien les efforts nécessaires pour les autres groupes.

Au contraire, elle s’inscrit dans une logique de solidarité sociale : aider les hommes, c’est aussi aider et protéger les femmes, les enfants et l’ensemble de la collectivité.
 

Les hommes : un angle mort de l’action sociale

Historiquement, la santé publique s’est concentrée — à juste titre — sur les besoins des femmes et des enfants. Mais aujourd’hui, les données et l’expérience terrain démontrent que les hommes, dès l’enfance, manifestent des vulnérabilités particulières qui, sans soutien adapté, deviennent chroniques avec le temps.

Ainsi, pour bien comprendre les réalités masculines et demeurer à jour sur les meilleures pratiques, il est essentiel de soutenir — et de financer — les initiatives de recherche telles que le Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes (PERSBEH).

De surcroît, les normes de masculinité traditionnelles incitent encore beaucoup d’hommes à taire leur détresse ou à tenter de régler leurs difficultés seuls.

Ils arrivent souvent dans les services d’aide trop tard, alors que leur état s’est détérioré, au détriment de leur bien-être… et des ressources collectives.

 

Pour des actions concrètes et durables

Sur le terrain, des organismes communautaires spécialisés effectuent un travail remarquable pour rejoindre ces hommes, offrir des espaces d’écoute, briser l’isolement, prévenir les crises et soutenir la responsabilisation.

Mais leur financement demeure trop souvent précaire, ce qui rend les services moins accessibles pour une partie importante de la population. À cela s’ajoute le fait que le personnel intervenant ne reçoit pas nécessairement de formation spécifique aux réalités masculines.

Il ne s’agit pas d’opposer les genres, mais de reconnaître que le bien-être collectif passe par l’adaptation des approches aux réalités de chacun. Et il faut dès maintenant cesser d’ignorer les besoins des hommes. 

Nos décideurs ont maintenant le choix : maintenir ce statu quo contre-productif ou faire preuve de courage politique pour agir. Pour le bien des hommes, de leurs proches et de notre tissu social dans son ensemble, il est urgent de leur tendre la main.

 

Signataires:

Pôle d’expertise et de recherche en santé et bien-être des hommes (PERSBEH)

Regroupement des intervenants en matière d’agression sexuelle (RIMAS)

Regroupement des organismes québécois pour les hommes agressés sexuellement (ROQHAS)

Regroupement pour la valorisation de la paternité (RVP)

Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence – À coeur d’homme